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LE MANDARIN.

gieuses ou de castes civiles qui prêchent et pratiquent le mépris de la fortune, chaque individu s’agite pour obtenir un emploi, et trafique jusqu’à ce qu’il se soit créé une position. Que deviennent, au milieu de toutes ces courses au clocher, les facultés intellectuelles ? On les met au service de ses désirs, et on les estime en conséquence de ce qu’elles rapportent. C’est ainsi qu’on procède en Chine.

— Mais la Chine, monsieur, dit l’économiste, n’est pas une société démocratique ; elle est gouvernée par un despote absolu, et l’idée d’égalité n’y a point germé.

— Pardon, monsieur ! nulle part on ne pratique l’égalité plus largement qu’en Chine. Les honneurs chez nous ne sont point héréditaires ; tel, qu’on voit sortir des derniers rangs du peuple, sera placé demain à la droite du fils du ciel. Les descendants de Confucius seuls sont mandarins nés. Le peuple exerce une action immédiate sur le gouvernement. J’ai vu cent manifestations populaires devant lesquelles l’empereur s’est toujours senti chancelant. Vous devez sa-