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LE MANDARIN.

niser bourgeoisement une partie de campagne. On devait s’embarquer sur le canot de Martial à la recherche d’une rive solitaire. Le mandarin se tenait prêt tous les dimanches, mais chaque samedi il recevait infailliblement un billet de Lefranc ou de Didier, ainsi conçu :

« Cher mandarin, des occupations sérieuses, — ou des engagements antérieurs, — m’obligent à remettre notre partie à dimanche prochain.

« Je suis désolé, etc. »

Cependant, le dernier dimanche d’août, Martial obtint qu’on fît faillite aux engagements antérieurs et aux occupations sérieuses, et gaiement on s’embarqua dans son canot, par un beau soleil, à deux heures de l’après-midi.

Chacun devait ramer tour à tour ; Didier seul se montra inhabile. Lefranc, né sur les bords de la mer, maniait les avirons comme un vieux pêcheur. Martial, en sa qualité d’illustre canotier, filait à l’heure d’innombrables quantités de nœuds. Quant au jeune Chinois, il savait faire glisser sur l’eau une légère embarcation.

Pé-Kang n’avait vu la Seine que sous les