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LE MANDARIN.

moi, à moins que vous ne soyez de l’avis de Michelet et de Jean-Paul.

— Lors même que nous serions destinés à absorber les Chinois, ainsi que vous le dites, Davenel, repartit Lefranc, je ne vois pas pourquoi nous les trouverions plus méprisables que tel ou tel peuple mort avant eux. Le progrès les a visités comme d’autres, et ils se sont trouvés à leur jour sur le chemin tracé par Dieu. Le monde marche, mais c’est par une suite d’évolutions dont chaque membre du corps humain a sa part. Un peuple en mourant lègue à celui qui naît ses richesses industrielles, ses forces physiques, ses vérités morales, avec charge d’en user au profit du progrès. Il ne faut pas que, ayant palpé l’héritage, nous nous croyions dispensés de toute reconnaissance envers les testateurs. L’amour attire les affinités de progrès d’un pôle à l’autre, la répulsion les éloigne éternellement. Soyons justes envers les Chinois, et, plutôt que de les maudire, demandons leur adhésion et leur concours à l’œuvre du perfectionnement universel. Disons qu’ils n’ont pas