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LE MANDARIN.

le soir, près de moi : je suis aux fêtes ! Ta main dans ma main, nos enfants entre nous, pour quoi viendrais-tu me raconter tes défaillances ? Hier, j’étais la plus belle et toutes les femmes m’ont enviée. Tu souffres ; ces capitaux, sur l’immense intérêt desquels tu comptais, sont perdus. Marche ! il me faut demain une robe plus riche, plus large encore ! Ton front se penche et se ride, tes cheveux blanchissent, le sommeil que tu as fui tant de fois te fuit aujourd’hui. Travaille ! Ta fille grandit à la maison, et il faut une forte dot a ta fille, car elle ressemblera à ta femme.

L’homme décline intellectuellement chaque jour davantage. Cette tension constante de son cerveau vers un seul but, la richesse ; les efforts souvent stériles qu’il fait pour subvenir aux exigences de son intérieur, le fatiguent et l’épuisent. Bientôt vous le verrez, suppliant, réclamer l’aide de la femme, qu’il a si longtemps dédaignée. Qu’il ne tarde pas, car alors nul ne saurait prédire où s’arrêterait la réaction.