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LE MANDARIN.

Lorsque, après avoir reconduit le philosophe franc-comtois, il revint vers Didier, le jeune Chinois ne put contenir son admiration.

— Quel puits de science ! s’écria-t-il.

— Hélas ! reprit Didier, toute cette science est bien trouble. Que de chocs, mon ami, dans ce brillant cerveau ! Ne le verrons-nous pas quel que jour s’affaiblir ou éclater ? Ce serait pour nous un triste spectacle, et pour nos ennemis une grande joie. Si Jean-Paul se fût moins préoccupé des abstractions, sous prétexte de les éliminer, et davantage des faits vivants, c’eût été le génie le plus complet de notre temps !…

Il est bien coupable, ajouta le philosophe après un instant de silence, car des sentiments individuels l’ont seuls aveuglé. Je crains qu’il n’en soit cruellement puni, et qu’il ne se trouve insensiblement emporté hors du mouvement social et hors du cercle des vérités ?