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LE MANDARIN.

point votre croyance au progrès continu ? demandait Pé-Kang.

— Non, répondait le philosophe, le progrès ne consiste pas seulement dans la recherche des vérités nouvelles, mais surtout dans la reconnaissance des vérités anciennes par un nombre d’hommes sans cesse croissant.

Au temps de Confucius et de Socrate, on comptait peu de lettrés et de sages. À notre époque, une foule de gens s’avisent des questions morales et scientifiques. Quelques natures inquiètes se plaignent du nouvel état de choses et regrettent le passé : alors nous avions un Dante, un Pascal, un Voltaire, un Newton ! Le génie, ajoute-t-on, s’éparpille et se perd !

Cela est vrai pour le présent. À coup sûr, toute activité qui se développe et prend une brusque extension entrave à son début et affaiblit les activités qui l’avoisinent. Il se produit des perturbations momentanées, jusqu’à ce que les dépenses mieux réparties, les forces économisées et concentrées avec intelligence servent non-seulement à multiplier l’action partielle,