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JOURNAL D’UN BIBLIOPHILE

Au Canada, la race française ne s’est pas crue obligée, depuis 1760, de suivre avec passion tous les mouvements de la politique de la France contemporaine.

Elle ne s’en est pourtant jamais désintéressée, jusqu’au point de les ignorer. Elle s’en est tenue au courant, tout en s’occupant surtout des problèmes politiques, sociaux et religieux du Canada.

Mais ce qui lui a permis de garder ses qualités distinctives et d’exercer sur la vie publique du Canada une influence heureuse, c’est qu’elle n’a jamais perdu contact avec l’histoire et la littérature de l’ancienne Mère-Patrie.

D’autres races ont pu, pendant quelque temps, lui en vouloir de ce qu’elle s’obstinât à préparer l’avenir en tenant toujours compte de son passé, même lointain. L’heure vient où les esprits les plus distingués de ces races reconnaissent que le culte du passé a permis à cette race française du Canada de faire, au service de son pays, l’œuvre la plus solide, la plus logiquement suivie, et la plus largement patriotique : témoin l’ouvrage de M. Moore, The Clash, et l’accueil qu’il a reçu dans tous tes milieux.

Je ne suis qu’un hôte de mes frères franco-américains, et je ne songe pas à leur donner une leçon. Il me semble bien permis de les féliciter de l’effort qu’ils font pour tenir à la portée de leurs chercheurs des trésors d’histoire nationale comme en contient la Collection Lambert.


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