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il a cru entendre un chant, un couplet qui semblait vouloir le gouailler :


Tu es bon diable, tu es bon diable ;
Verse ton or dans ma tuque,
Regarde, cherche et reluque,
C’est un bon diable, c’est un bon diable,
Ces beaux écus, ces beaux écus,
Oui de ma tuque sont disparus.


Jacques Rusot chantait en effet, jamais de sa vie il n’avait fait de marché pour lui rapporter autant d’argent, car toutes ces pièces jaunes et blanches qui passaient à travers sa tuque étaient tombées dans la grande tasserie, qui était presque à moitié remplie.

Le surlendemain le diable recommença à charroyer des sacs d’argent, mais voyant que la tuque ne se remplissait pas plus que les jours précédents, il commença à tempêter et à menacer Jacques d’aller voir ce qui se passait dans la grange.

Mais Jacques lui rappela que, s’il se montrait à lui, il se trouvait par ce fait à rompre son marché. Le diable fit encore quelques voyages, finalement entra dans une grande fureur et abandonna la partie, en mauvais perdant, c’est à dire en hurlant des imprécations et furieux de s’être fait jouer ainsi par Jacques Rusot. Il partit en soufflant tellement de feu et de fumée qu’il faillit mettre le feu à la seule vieille grange que possédait Jacques Rusot.

Jacques, le regarde s’éloigner en se frottant les mains d’aise, satisfait de la victoire finale remportée sur le crétin, il fredonne son refrain :