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CHAPITRE I

TANTE ROSE

Un matin, quinze jours après son mariage, Jean Dubeau se réveilla, songeant à la nouvelle tâche qu’il avait assumée, à la très grande responsabilité de fonder un foyer. Joyeuses noces, fêtes de plaisir, repas succulents, visites aux parents, étaient choses du passé. Il fallait maintenant envisager la réalité, quitter le toit paternel, s’en aller commencer à deux, une vie nouvelle, inconnue, sujette au caprice de la destinée, vie toute remplie de sourires pour le moment, sans s’arrêter à chercher ce que cache l’avenir.

Après réflexion, Jean proposa à son épouse d’aller demeurer à Manchester, état du New-Hampshire, où habitait sa bonne tante Rose, de laquelle il avait gardé un bon souvenir, malgré qu’il l’eut perdue de vue depuis nombre d’années.

Le choix de Jean était des plus heureux. Manchester, la ville reine de l’État, était renommée pour sa propreté et l’ordre parfait qui régnaient dans ses murs. Enfouie dans une forêt verdoyante, elle semblait aux regards du voyageur venant au loin, un immense parterre de verdure. En entrant dans la ville, le cœur du visiteur se délectait d’aise, en respirant l’air