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étrange, causée par l’abus des liqueurs enivrantes connues par eux sous le nom de « l’eau de feu », se tordant dans d’atroces douleurs, vociférant qu’il brûlait dans le feu des damnés.

Le dimanche, dans son sermon, le missionnaire prit occasion de parler de Patira, le jeune martyrisé. « Non seulement, dit-il, Dieu voit d’un œil favorable les prêtres missionnaires qui meurent en prêchant son Évangile aux infidèles, comme cela est arrivé au Canada, mais la palme du martyre est encore dévolue à tous ceux qui meurent, jeunes ou vieux, par le fait de porter le nom chrétien. » Il ajouta comme dans une vision prophétique :

« La jeune nation Canadienne-française aura à souffrir épreuves et persécutions pour le saint nom de Dieu, non seulement par des ennemis du dehors, mais dans un temps assez rapproché, des hommes de son sang à la parole et aux gestes éloquents lui lanceront des pierres pour l’atteindre dans son âme et affaiblir petit à petit la foi et l’amour qu’elle porte au nom du Dieu des armées du beau et du bien. »

Sur la fosse de Patira, on planta une petite croix avec cette inscription : « Mort pour le nom chrétien. »

Longtemps dans le village de Y… on parla de l’enfant martyrisé par la méchanceté des hommes tenus dans les serres de l’esprit du mal.