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une bande de sauvages qui l’avait entraîné avec eux dans la forêt, puis confié au grand sorcier de la tribu.

Un an avant le rapt, la tribu avait eu la visite d’un missionnaire qui avait commencé à prêcher l’évangile à ces pauvres déshérités de la vérité et le grand sorcier, craignant de perdre son prestige, avait juré une haine farouche et sans pitié à la robe noire et à tous les visages pâles qu’il devait rencontrer par la suite, de sorte que, lorsque le petit Canadien lui fut confié, il s’ingénia à inventer toutes les cruautés inimaginables pour le faire souffrir.

Durant les quelques années qui s’écoulèrent, le missionnaire était retourné en différent temps visiter les sauvages et après chaque visite, le grand sorcier avait toujours quelques nouveaux supplices à faire subir au pauvre enfant.

La dernière visite du missionnaire avait été remarquable par la conversion de plusieurs sauvages. La haine du sorcier redoubla d’intensité et c’est sur la pauvre petite victime qu’il déversa sa rage infernale.

Pour comble de malheur, une maladie nouvelle s’était déclarée parmi les sauvages de la tribu, le sorcier l’attribua au passage du missionnaire et mit cette raison à profit pour martyriser le petit Canadien de plus belle. Il commença par lui infliger le supplice de la flagellation, le plus souvent il allait l’attacher à un arbre, les bras en croix, demi nu, l’exposant à l’ardeur d’un soleil brûlant en lui disant : « Ton grand manitou est mort en croix pour racheter le monde, toi comme son enfant, tu pourrais bien souffrir tout cela pour apaiser sa colère qui fait