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L’enfant prend le violon et commence un air de cantique, mais le diable l’arrête de suite et dit : « Non, pas cela, joue mais quelque chose de gai, de soulevant. »

— Impossible, répond le jeune garçon, ayant communié ce matin, je ne peux qu’élever mon âme vers Dieu par des prières et des chants pieux.

Devant cet aveu et la ferme décision de l’enfant, le diable frémit de colère, prit son violon et s’enfuit.


***


Le lendemain, dans l’après-midi, le diable se présente de nouveau à la demeure de l’enfant, comme les jours précédents. Les parents étaient occupés au dehors et l’enfant était seul à la maison, repassant les leçons de lecture données par le curé.

Le diable, prenant ses airs les plus engageants, s’approche et dit : « Tiens petit ! voilà trois jours que je veux te donner ce violon ! Joue-moi un air gai, soulevant et il est à toi. »

Le jeune garçon prend le violon et s’apprête à jouer, mais il était écrit que le diable n’aurait pas encore de satisfaction ce jour-là, car à peine l’enfant avait-il mis la main sur l’instrument maléfique que le tintement d’une petite clochette se fait entendre au dehors et presque aussitôt la porte s’ouvre, les parents entrent et le père sans faire beaucoup attention au prétendu parent dit à l’enfant : « Sortons, allons nous mettre à genoux sur le pas de la porte : c’est le bon Dieu qui passe. On porte le saint viatique à un mourant dans le bas du rang ! »