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— Du droit que lui donne sa grande bonté, dit Jean-Claude ; vous ressouvenez-vous de ce qu’elle a fait pour la parigote ?

— Oh ! cela, dit le médecin d’une voix émotionnée, c’est un de ces actes qui illuminent toute une vie.

Assuré que vous ne connaissez pas l’histoire de la parigote. Pendant que Jean-Claude et M. Céran devisent, faut que je vous la raconte :

La parigote, nourrissonne de Maria, la sorcière, s’était trouvée orpheline de mère et abandonnée de son propre père, au bout de trois mois de nourrice. Maria l’avait gardée tout de même, l’utilisant le mieux possible dans ses sorcelleries, et l’envoyant mendier son pain sur les grandes routes. Brûlée de tout un côté, boiteuse, mal nourrie, mal nippée, sale à plaisir, les petiots du village la huaient sans cesse. Les grandes gens se dé-