Page:Lamber - Mon village, 1868.pdf/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.

j’attends une heure ; deux heures se passent ; nom de nom ! je commençais à geler bel et bien. Ces loups-garous de renards, que je me dis à part moi, seraient-ils devenus frileux et douillets ? Adonc, comme ma pipe se creusait de plus en plus, je me mets tranquillement à la rebourrer. Chut ! voilà un renard qui montre son nez. Je battais le briquet, je m’arrête. Mon finot regarde de droite et de gauche et sort de son trou tant soit peu. Ma pipe hochait dans ma bouche ; j’avais ma blague ouverte, ma casquette sous mon bras, mon débourroir d’une main, mon fusil de l’autre. Je tire à l’aventure ; le renard tombe, je saute sur lui ; mais… je le vois qui me regarde comme ça, fixe, avec deux yeux luisants comme des furolles. Était-il mort ? ne l’était-il pas ? Des renards, c’est malin, ça contrefait le mort et ça vous sauterait à la figure sans crier gare ! Portant toujours mon fusil, ma blague, mon débourroir, ma casquette, je m’approche…