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D’aucuns pères et d’aucunes mères, c’est vrai, à force de patience et de courage, finissent quelquefois, sou sur sou, sueur sur sueur, par amasser une somme suffisante pour se racheter un fieu : ceux-là on les compte dans nos pays.

D’autres sacrifient leur aîné pour sauver leur second, ou bien encore leur second pour sauver leur troisième. Celui qui se dévoue aux autres s’engage vitement de peur de fléchir en face d’un bon numéro : cet acte-là n’est pas vraiment rare aux environs de Saint-Brunelle.

C’est triste, savez-vous, lorsqu’on a assuré son fieu d’avance, afin de payer moins cher, de le voir sortir avec un bon numéro. Quoi ! tout notre argent donné pour rien ! Si nous avions su !

La conscription ! quelle grêle sur les pauvres familles. Tous les ans, quand elle ap-