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4 SEPTEMBRE.

des jeunes gens distribuent au peuple des drapeaux tricolores. Ce n’est point la vue de ces drapeaux qui fait pousser à la foule des cris si joyeux, mais le défilé de deux régiments de lignards qui arrivent d’Épernay, chassés, hélas ! par les Prussiens.

Sur le boulevard de la Madeleine, aux acclamations frénétiques des spectateurs, la foule fraternise avec les soldats ; on leur fait crier : « Vive la République ! » Un peu ahuris d’abord, ils demandent des explications. On leur dit qu’on vient de détrôner l’empereur, de chasser tous les traîtres. Les pauvres lignards croient à un miracle, quand on leur assure que la République va donner à la France, à l’armée, de vrais généraux, qui ne se laisseront plus surprendre, qui ne feront plus hacher par l’artillerie prussienne les régiments français.

« On s’est bien battu, mais on a été trahi, » répètent les soldats. Le mot de trahison résume pour le simple troupier et pour le peuple toutes les incapacités, toutes les faiblesses, toutes les négligences, toutes les lâchetés ! Périclès disait