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4 SEPTEMBRE.

Sous l’arc décrit par la couronne funèbre lancée du socle de la statue jusque sur la terrasse du Jeu de paume, passe en rasant le mur une escouade d’agents de la police de sûreté ; hués par la foule, ils se massent à l’angle du trottoir, près de la porte des Feuillants. Un murmure de colère accueille les serviteurs détestés de l’empire ; on se précipite sur eux, ils sont désarmés, et leurs tricornes coiffent les candélabres d’alentour ; on prend leurs épées, on brise leurs casse-tête… On crie : « À la Seine les assommeurs ! » L’un de ces agents invoque la générosité du peuple, qui pardonne aux exécuteurs des basses œuvres de M. Piétri et les laisse fuir.

J’admire cette modération, surtout quand je me rappelle les événements de juin 1869, les scènes indescriptibles que nous avons vues de nos yeux sous notre balcon du boulevard Poissonnière, durant huit longues soirées Combien de pauvres diables avons-nous entendus implorer grâce au premier coup de casse-tête ! Je crois voir encore cet ouvrier dont la sœur