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LE SIÉGE DE PARIS.

de résistance ; il brise les grilles du palais Bourbon, inonde la salle des pas perdus, envahit les tribunes. Le général Palikao, monté sur une chaise, apostrophe la foule et s’efforce de contenir la trombe qui va renverser le trône de ses maîtres ; on le repousse avec mépris. Tous les couloirs de la chambre, toutes les tribunes s’emplissent de gardes nationaux exaltés, impatients de voir proclamer la déchéance. À la nouvelle de l’envahissement, les députés s’étaient retirés dans les bureaux ; on les appelle. La gauche seule reparaît ; on crie de toutes parts : « La déchéance ! » Les bancs de la droite demeurent vides. Dans les bureaux, les députés bonapartistes, défaits, hésitants, ne savent pas prendre une résolution virile, de celles qui obligent les adversaires eux-mêmes à dire : « Ces hommes ont essayé de conjurer par leur propre ruine la ruine de leur pays. »

Gambetta parle au milieu d’un fracas inexprimable. Malgré l’autorité d’un nom populaire, d’un talent irrésistible, l’orateur s’épuise dans une lutte vaine. On crie sans interruption : « La