Page:Lamber - Le siège de Paris, 1873.pdf/418

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
402
LE SIÉGE DE PARIS


hommes ! » Jamais, pour les Prussiens, on n’était parvenu à en réunir autant.

Adam rentre et me dit que le bruit entendu est bien le bruit d’une fusillade sur la place de l’Hôtel de ville. Il y a plusieurs morts.

Hélas ! hélas ! je n’aurais pas assez des lamentations de Jérémie pour exprimer ce que je souffre. Ma pauvre République !

On m’apporte deux dépêches de province : l’une est de mon ami Arlès-Dufour, qui me parle de ma fille, dont il a reçu une longue lettre ; l’autre est de mon père lui-même. Ma mère et ma fille vont très-bien. J’ai un moment de joie égoïste.

Le boulevard est en pleine agitation. Tous se demandent ce que veut dire cette fusillade. On raconte qu’à un coup de fusil tiré du fond de la place, à un signal, les portes et les fenêtres de l’Hôtel de ville se sont ouvertes comme par enchantement, les unes pour laisser voir des mitrailleuses, les autres pour laisser passer des feux de peloton. Plusieurs personnes affirment que les mitrailleuses ont tiré.