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31 OCTOBRE.


tulation, qu’il est las de ses responsabilités, qu’enfin Paris va être livré ! Nous n’avons plus d’espoir qu’en la province. Nous essayerons de nous échapper pour aller rejoindre nos amis, les à outrance du dehors.

Je retourne à la maison, il pleut. Je sors aujourd’hui pour la première fois depuis mes affreuses névralgies, je suis très-faible encore ; cependant je reçois la pluie, je marche dans la boue sans me soucier d’autre chose que des pensées qui m’assaillent.

En remontant chez moi, je rencontre sur l’escalier le jeune lieutenant, notre blessé. Il est pâle et me crie : « On se bat certainement sur la place de l’Hôtel de ville. Je viens d’entendre des feux de peloton dans cette direction. » Je ne veux pas croire à ce malheur. Au Siècle, où l’on parlait d’une manifestation, j’avais demandé si c’était chose grave, et l’on m’avait répondu : « Ce n’est rien ; il n’y a pas trois cents personnes sur la place de l’Hôtel de ville, et M. Vinoy, qui gouverne Paris, a massé sur les ponts, sur les quais, depuis douze heures, quatre-vingt mille