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LE SIÉGE DE PARIS


vraie écriture, que l’armée de Frédéric-Charles est en déroute, que Frédéric-Charles est tué ! Quel cran d’arrêt à la roue de notre fortune !

Ce bombardement de nos forts, cette dépense excessive de projectiles doit répondre à une inquiétude des Prussiens. Ils savent, M. de Moltke le leur a dit, que la famine nous menace, qu’avec un peu de patience ils prendront Paris sans combat. Pourquoi nous attaquent-ils ?

Aujourd’hui, ce dont on souffre le plus, c’est du manque de bois ; il n’y a plus de bois, plus de chevaux pour transporter le peu qu’on trouve. Le bois s’achète par toutes petites quantités. On rencontre des femmes bien vêtues avec leurs bûches ou leurs fagots de douves de tonneaux dans les bras. Elles vont par les rues, sans ostentation et sans humilité. Le pain aussi est bien mauvais. Pas une femme qui se plaigne ! Le dévouement à la patrie, voilà l’idée fixe, et c’est une si grande chose que la patrie, quand on y pense ! me disait mon ami l’ouvrier. — On y pense !