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LE SIÉGE DE PARIS.

soufflent l’indignation et provoquent la vengeance. Cette femme a la passion du vrai peuple de Paris, honnête, sincère, juste, pour qui le succès ne légitime rien, que la peur ni l’égoïsme n’ont jamais forcé à l’absolution. On l’applaudit, et l’on sent que les crimes nouveaux de l’empire ne doivent point faire oublier les crimes anciens.

Il est une heure. Les agents de police, deux fois, ont chargé la foule, mais les hommes et les femmes lentement amassés sur la place sont des Parisiens sans peur. Point de panique ! Ils se laissent charger et songent, malgré leur petit nombre, à tenter un effort suprême.

Entraînés plus d’une fois, depuis vingt ans, par des agents provocateurs, des ouvriers demandent quels sont les hommes qui tiennent la tête de la colonne sur le pont de la Concorde ; ils s’assurent qu’on peut sans crainte risquer sa vie pour les soutenir. On leur crie des noms de républicains connus, de ces noms auxquels le peuple de Paris ajoute une épithète enviable, quoique vulgaire : « C’est un vrai ! »