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31 OCTOBRE.

Je rencontre Edmond Plauchut, l’oncle de mon petit lieutenant ; il est désolé, il cherche du linge pour les blessés de l’Odéon. Mme Sarah Bernhardt lui a écrit pour le supplier de lui en trouver ; elle manque de ressources, elle a tout épuisé ; elle se conduit en femme d’un grand cœur. Je vais avec Planchut à l’Élysée, où Mlle Hocquigny a transporté sa lingerie, et j’obtiens tout un fiacre de linge pour l’Odéon. E. Plauchut me peint l’abnégation des femmes, le dévouement des hommes de ce théâtre.

Je sais aussi à quel point le Théâtre-Français est Français ! On ne répétera jamais assez combien ceux qui touchent à l’art, ceux qui le cultivent ou le peignent ou l’expriment, les artistes enfin, sont Parisiens et patriotes. Ils ont été si peu bonapartistes qu’on pouvait beaucoup attendre d’eux. Ils donnent leurs bras, leur temps, leur santé, leur fortune, leur vie à la France, tous, tous, tous !

Il y a eu ces jours-ci une aventure de prisonniers prussiens. On les avait laissés libres ; ils sont allés avec leur truchement, M. de Dreer,