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29 SEPTEMBRE.

dans le bois, sur le bord opposé, pourraient bien nous rendre ce coup de fusil. Jules Ferry insiste pour que j’entre dans la tranchée ; je ne veux pas.

Voici un grand déploiement de forces, de l’autre côté de la Seine, vers Créteil, des soldats qui manœuvrent, un nombreux état-major. Les pantalons rouges se glissent sur les berges gazonnées, tandis que des tirailleurs défilent plus loin. L’effet de ces costumes sous un ciel bas, sur ces rives, est saisissant. Des lignards, un à un, se détachent, le fusil au poing, se courbent, glissent dans les oseraies bleuâtres et dans les saules ; ils vont en reconnaissance ; au loin, les canons, les chevaux, le mouvement de l’état major ; c’est la poésie de la guerre.

Le colonel Lespiau, quoiqu’il n’ait point été prévenu, songe à faire mettre en place, de son côté, au bord de la Seine, une compagnie ; il l’envoie chercher et recommande qu’elle se dissimule avec soin. La compagnie sort de l’endroit où elle était cachée, et vient, en rang, au pas, vers son chef. Le colonel, furieux, dit au sergent :