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LE SIÉGE DE PARIS.


très-près, mais il est bien inutile de la tambouriner et d’effarer les poltrons.

Adam s’indigne contre les ivrognes, il ne les voit pas comme moi chez eux, dans leurs pauvres quartiers ; ces malheureux, qui ne mangent pas à leur faim, qui se démoralisent dans l’inaction, dans l’inutilité, la paresse, qui s’irritent de n’être bons à rien, s’enivrent avec peu de chose, un verre de vin leur suffit.

Hier, dans un club des faubourgs, on quêtait pour les canons ; un orateur se présente : « Tenez, dit-il, tel que vous me voyez, je me vends, on m’achète ; je suis remplaçant ! Avec cela je suis débauché, un vrai gredin ! J’ai mangé ou bu les trois quarts de mon argent ; il me reste trois cents francs, eh bien, les voici, je les donne pour des canons ! »

M. Arnaud (de l’Ariége) me racontait qu’il y a huit jours, quêtant chez une vieille dame fort riche, et n’ayant rien obtenu, il sortait, lorsque le domestique l’arrêta à la porte et lui dit d’une voix timide : « Monsieur, est-ce que les pauvres ont le droit de donner ? » Sur une réponse ai-