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LE SIÉGE DE PARIS.


vois ma mère, ma fille, errer à travers tous les dangers.

Nos blessés du Conservatoire, que j’ai ramenés de l’avenue d’Italie, sont en pleine convalescence. L’un d’eux, il se nomme Poulot, m’a donné le corps d’une pipe affreusement enfumée et m’a priée d’y faire remettre un tuyau ; il n’a voulu confier cette réparation qu’à moi. J’en aurai le plus grand soin, la confiance de Poulot m’honore.

Félicien David, sortant d’une réunion au Conservatoire, avec le vieil Auber, m’a rencontrée dans une salle et nous avons causé guerre. Auber est vaillant. J’ai demandé à Félicien David s’il n’allait pas nous composer quelque chant de victoire ; il m’a répondu : « Pourquoi pas ? » L’esprit public gagne chaque jour en vigueur ; les plus attiédis s’échauffent, les plus timides s’enhardissent ; les courageux en arrivent à la passion du courage.

L’un de nos amis, journaliste et Alsacien, qui connaît l’Allemagne comme les Parisiens connaissent le boulevard Montmartre, nous disait ce soir que l’unité allemande était le fruit de notre