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LE SIÉGE DE PARIS.

Nous avons longuement causé ce soir, Mlle Hocquigny et moi. Elle est directrice de la lingerie à la Société internationale des secours aux blessés. Tandis que nous causions, j’avais sous les yeux le grand livre des ambulances. Forbach, Metz et Strasbourg y sont inscrits ; combien de départs sans arrivées !… Notre linge pour les ambulances, pour les blessés, se replie en arrière aussi facilement et en aussi bon ordre que tous nos généraux. On n’imagine pas ce que l’Europe et l’Amérique ont donné de linge pour cette guerre. Il faut voir la lingerie du palais de l’Industrie ! Ces grands bâtiments qui servent aux expositions, si éclairés le jour avec leurs vitrages, sont effrayants le soir. Tous ces linges épars ou rangés ont un aspect sinistre ; ils font rêver de plaies sanglantes, d’amputations effroyables. De l’autre côté de la lingerie, il y a des canons ; c’est un contraste plein d’enseignements : à gauche l’entreprise de la casse, à droite celle du raccommodage. Quelle comédie que la comédie humaine ! Qui trompe-t-on ? Je déraisonne, je