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humain et individuel. La nature a assuré la reproduction des espèces par le plaisir : l’humanité, par l’amour, s’élève bien au delà du plaisir ; elle obtient le doublement des puissances de chaque individualité par la sympathie mutuelle, sympathie qui, prolongée, produit l’identification des deux êtres au triple point de vue physique, moral et intellectuel.

M. Proudhon ne comprend pas cela ; cependant il semble en soupçonner quelque chose, lorsque, peignant l’amour dans sa phase ascendante, il montre l’âme s’absorbant, se confondant dans la personne de l’objet aimé, rêvant d’une possession continue, inviolable, éternelle. Mais, d’après lui, la possession vient détruire ce que le désir avait fait ; et c’est surtout ici qu’il méconnaît l’amour dans son splendide idéal. « Le cœur ayant joui, dit-il, la chair étant satisfaite, en vain l’imagination fait effort pour retenir l’âme dans l’extase. La raison s’éveille et rougit ; la liberté au fond de la conscience fait entendre son rire ironique ; le cœur se détache ; la réalité et ses suites, grossesse, accouchement, lactation, font pâlir l’idéal. Heureux alors celui que le besoin de se ressaisir ne pousse pas à la haine et au dégoût ! »