Page:Lamber - Idees anti-proudhoniennes sur l amour la femme le mariage.pdf/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si le sentiment, si l’amour est un élément de la justice sociale, il est évident que l’être en qui, dit-on, le sentiment prédomine, que la femme a une part d’influence dans la pratique de la justice et un rôle à y exercer ; ce sera, si l’on veut, un rôle de compassion, d’intervention miséricordieuse, qui pourra avoir sa source dans des faits pris en dehors de la cause même, quoique se rattachant à la personne des accusés ou des parties ; mais ce rôle existe, cette influence est salutaire[1].

  1. Ce n’est pas assez cependant, et nous croyons que la civilisation actuelle peut faire davantage. Si l’on doit peut-être pour longtemps encore prendre les représentants de la loi dans le sexe qui jusqu’ici s est élevé le plus haut dans la conception abstraite du droit, il serait bon, il serait sage, il serait équitable de choisir dans l’un et l’autre sexe les personnes chargées d’apprécier les faits et de décider les questions toutes pratiques de culpabilité ou d’innocence.

    L’institution du jury, pour réaliser la loi dans ce qu’elle a de vivant, a besoin de représenter la société, sous son double aspect. Cette institution, par la simplicité de ses rouages, la facilité de ses fonctions, permet l’introduction dans son sein des personnes majeures de l’un et de l’autre sexe ; l’adjonction des femmes ne lui ôterait rien de sa gravité, et lui ajouterait quelque chose en sentimentalité, en mansuétude et aussi en tenue, en solennité, en éclat.

    Partout où les femmes manquent, les hommes se tiennent mal et négligent de s’élever, ou tout au moins de montrer tout ce qu’ils valent.