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M. Proudhon avait cru qu’il suffisait d’écarter de la conscience humaine toute influence transcendantale, divine, religieuse, idéale, pour constituer la justice ; mais, après avoir écrit cent cinquante pages sur ce sujet, il s’aperçoit qu’il n’a rien fait pour la constitution de la justice, s’il ne lui a pas découvert un organe propre : « La vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher, ont chacun leur organe ; l’amour a le sien ; la pensée a aussi le sien, qui est le cerveau, et dans ce cerveau chacune des facultés de la pensée a son petit appareil. Comment la justice, faculté souveraine, n’aurait-elle pas son organisme proportionné à l’importance de sa fonction ? » Cet organe qui devient, on ne sait trop pourquoi, un organisme, c’est-à-dire un être, c’est le couple, c’est l’homme et la femme unis par les liens du mariage.

« La nature, nous dit M. Proudhon, a donné pour organe à la justice la dualité sexuelle, et comme nous avons pu définir l’individu humain, une liberté organisée, de même nous pouvons définir le couple conjugal une justice organisée. Produire de la justice, tel est le but supérieur de la division androgyne : la génération et ce qui s’ensuit, ne figure plus ici que comme accessoire. »