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Le mal dès lors régna dans son immense empire ;
Dès lors tout ce qui pense et tout ce qui respire
Commença de souffrir ;
Et la terre, et le ciel, et l’ame, et la matière,
Tout gémit et la voix de la nature entière
Ne fut qu’un long soupir.


Levez donc vos regards vers les célestes plaines,
Cherchez Dieu dans son œuvre, invoquez dans vos peines
Ce grand consolateur,
Malheureux ! sa bonté de son œuvre est absente,
Vous cherchez votre appui ? l’univers vous présente
Votre persécuteur.


De quel nom te nommer, ô fatale puissance ?
Qu’on t’appelle destin, nature, providence,
Inconcevable loi !
Qu’on tremble sous ta main, ou bien qu’on la blasphème,
Soumis ou révolté, qu’on te craigne ou qu’on t’aime,
Toujours, c’est toujours toi !


Hélas ! ainsi que vous j’invoquai l’espérance ;
Mon esprit abusé but avec complaisance
Son philtre empoisonneur ;
C’est elle qui, poussant nos pas dans les abîmes,
De festons et de fleurs couronne les victimes
Qu’elle livre au Malheur.