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Moi seul, je t’obéis avec intelligence ;
Moi seul, je me complais dans cette obéissance ;
Je jouis de remplir, en tout temps, en tout lieu,
La loi de ma nature et l’ordre de mon Dieu ;
J’adore en mes destins ta sagesse suprême,
J’aime ta volonté dans mes supplices même,
Gloire à toi ! Gloire à toi ! Frappe, anéantis-moi !
Tu n’entendras qu’un cri : Gloire à jamais à toi ! »
Ainsi ma voix monta vers la voûte céleste :
Je rendis gloire au ciel, et le ciel fit le reste.


Fais silence, ô ma lyre ! Et toi, qui dans tes mains
Tiens le cœur palpitant des sensibles humains,
Byron, viens en tirer des torrents d’harmonie :
C’est pour la vérité que Dieu fit le génie.
Jette un cri vers le ciel, ô chantre des enfers !
Le ciel même aux damnés enviera tes concerts !
Peut-être qu’à ta voix, de la vivante flamme
Un rayon descendra dans l’ombre de ton ame ?
Peut-être que ton cœur, ému de saints transports,
S’apaisera soi-même à tes propres accords,
Et qu’un éclair d’en haut perçant ta nuit profonde,
Tu verseras sur nous la clarté qui t’inonde ?


Ah ! si jamais ton luth, amolli par tes pleurs,
Soupirait sous tes doigts l’hymne de tes douleurs,
Ou si, du sein profond des ombres éternelles,
Comme un ange tombé, tu secouais tes ailes,
Et prenant vers le jour un lumineux essor,
Parmi les chœurs sacrés tu t’asseyais encor ;