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Sur le tronc desséché de l’ingrat Israël
Fait descendre à son tour la parole de vie.




L’Éternel emporta mon esprit au désert :
D’ossements desséchés le sol était couvert ;
J’approche en frissonnant ; mais Jéhova me crie :
Si je parle à ces os, reprendront-ils la vie ?
— Éternel, tu le sais ! — Eh bien ! dit le Seigneur,
Écoute mes accents ! retiens-les et dis-leur :
Ossements desséchés ! insensible poussière !
Levez-vous ! recevez l’esprit et la lumière !
Que vos membres épars s’assemblent à ma voix !
Que l’esprit vous anime une seconde fois !
Qu’entre vos os flétris vos muscles se replacent !
Que votre sang circule et vos nerfs s’entrelacent !
Levez-vous et vivez, et voyez qui je suis !
J’écoutai le Seigneur, j’obéis et je dis :
Esprits, soufflez sur eux du couchant, de l’aurore ;
Soufflez de l’aquilon, soufflez !… Pressés d’éclore,
Ces restes du tombeau, réveillés par mes cris,
Entrechoquent soudain leurs ossements flétris ;
Aux clartés du soleil leur paupière se rouvre,
Leurs os sont rassemblés, et la chair les recouvre !