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la lumière, puis enfin se laisser crucifier par les juges du pays. Pourquoi ? Pour ne pas mentir à son Père qui parlait en lui, et pour acheter au prix de son sang un peu d’adoration plus pure au Créateur. Ah ! quelles belles idées il leur apportait de Dieu sur la montagne ! Comme on sentait que c’était là une parole, un Verbe, comme on dit, un lever de soleil sur l’âme d’un monde où tous les songes d’une longue nuit s’étaient changés en faux dieux ! Comme celui qu’il annonçait était bien le vrai Dieu, le seul Dieu ! Sans père ni mère, sans pays et sans nation, sans amis et sans ennemis, sans colère et sans foudre, le père, la mère et le frère de tous, des païens comme des Hébreux, des sages comme des ignorants, des grands comme des petits ! Et comme son prophète était bien de lui ! Comme il était bien animé de tout son amour pour sa création car il aurait voulu recréer le monde corrompu, plein de mensonges et de faux dieux, en lui redonnant la vie de sa propre vie ! Peut-on aimer plus que cela le Créateur et les hommes ? Mourir pour que les hommes adorent plus saintement Dieu ! Mourir pour qu’il luise plus clairement sur le monde ! Quoi de plus ? À la chaleur on connaît le feu. Il faut que celui-là ait eu