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âmes dans les hameaux où je travaille, allez ! Et quand j’ai rendu service à une maison, je leur dis Je vous tiens quitte pendant que je vis ; mais quand je serai mort je ne vous tiens pas quitte de vos prières. Je vous ai bâti une maison pour votre vie ; vous me creuserez bien ma maison pour mon éternité, n’est-ce pas ? Et nous rions, et ils me le promettent, monsieur. Je ne suis pas en peine ; je serai bien couché là où j’ai marqué ma place si souvent des yeux.

Moi. — Et où est votre place, Claude ?

Lui. — (en me montrant le monticule le plus rapproché et où l’herbe était foulée par la place de deux genoux). Là, monsieur.

Moi. — Et pourquoi là plutôt qu’ailleurs, mon pauvre Claude ? Le bon Dieu ne sait-il pas nous retrouver partout ?

Lui. — C’est vrai, monsieur ; mais c’est que je veux qu’il me retrouve si près d’une autre qu’il ne puisse pas nous séparer.

Moi. — Vous avez donc votre idée ensevelie avant vous sous cette terre ?