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COURS DE LITTÉRATURE

impartialité de son cœur ; elle ne se mêla jamais au combat, pour rester toujours chère aux vainqueurs, secourable aux vaincus. Les hommes les plus opposés à la politique de son journal recherchaient le charme de son salon. C’était un de ces territoires qu’on neutralise pendant la guerre entre deux armées, pour traiter de la paix et de l’amitié future après les hostilités.

Quant à elle, elle se réfugia de plus en plus dans les lettres, pour mieux constater son alibi dans les blessures que les différents partis se faisaient à deux pas d’elle ; aussi ne la rendit-on jamais responsable des amertumes que la plume des écrivains politiques répand dans le cœur des hommes du parti contraire. Elle savait quelquefois s’irriter, jamais haïr.

XXX

Cet asile, qu’elle s’était réservé dans son talent poétique, profitait tous les jours davantage à ce talent. Quelque temps avant la révolution de 1848, elle s’éloigna de Paris au pre-