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la reine, le Dauphin, Madame Royale, Madame Élisabeth, la marquise de Tourzel, montèrent dans la berline. Deux gardes du corps déguisés s’assirent l’un devant, l’autre derrière. Le comte de Fersen, placé sur le siége à côté des gardes du corps, accompagna la voiture jusqu’à Bondy, où les chevaux de poste avaient été commandés ; là, il baisa les mains du roi et de la reine, les confia à la Providence, et regagna Paris, d’où il partit la même nuit, par une autre route, pour Bruxelles, afin de rejoindre la famille royale plus tard. À la même heure, Monsieur, frère du roi, comte de Provence, partait aussi du palais du Luxembourg pour Bruxelles, où il arriva sans être reconnu.


XII

Les voitures du roi roulaient sur la route de Châlons : les relais de huit chevaux étaient commandés à toutes les postes un moment d’avance. Cette quantité de chevaux, la grandeur et la forme remarquable de la berline, le nombre des voyageurs qui en occupaient l’intérieur, les gardes du corps, dont la livrée s’accordait mal avec leur noble physionomie et leur attitude militaire, cette figure bourbonienne de Louis XVI assis au fond, dans le coin de la voiture, et qui contrastait avec le rôle de valet de chambre qu’avait emprunté le roi, toutes ces circonstances étaient de nature à éveiller les soupçons sur la route et à compromettre le salut de la famille royale. Mais le passe-port du