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la commune même de Paris, poursuivaient l’idée de ce triomphe, qui devait retomber, selon eux, en opprobre sur la cour et sur La Fayette. La molle interposition de Pétion, qui paraissait vouloir modérer le scandale, ne faisait que l’encourager. C’était l’homme le plus propre à entraîner le peuple aux derniers excès. Sa vertu de parade servait de manteau à toutes les violences et décorait d’une apparence de légalité hypocrite les attentats qu’il n’osait punir. Si on avait voulu personnifier l’anarchie pour la placer à la commune de Paris, on n’aurait pu mieux rencontrer que Pétion. Ses réprimandes paternelles au peuple étaient des promesses d’impunité. La force arrivait toujours trop tard pour punir. L’excuse était toujours prête pour la sédition, l’amnistie pour le crime. Le peuple sentait dans son magistrat son complice et son esclave. Il l’aimait à force de le mépriser.


XVI

« On attribue à un enthousiasme général, écrivait Chénier, la fête qu’on prépare à ces soldats. D’abord, j’avoue que je n’aperçois pas cet enthousiasme. Je vois un petit nombre d’hommes s’agiter. Tout le reste est consterné ou indifférent. On dit que l’honneur national est intéressé à cette réparation, j’ai peine à le comprendre ; car, enfin, ou les gardes nationaux de Metz, qui ont apaisé la sédition de Nancy, sont des ennemis publics, ou les soldats de Châ-