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entend avec indignation le récit de ces troubles suscités par les ennemis de la constitution et par les fauteurs du fanatisme et de l’aristocratie. « Le seul parti que nous ayons à prendre, dit Cambon, c’est de convoquer la haute cour nationale et d’y envoyer les coupables. » On remet à se prononcer sur cette proposition au moment où on aura reçu toutes les pièces relatives aux troubles de Caen.

Gensonné dénonce des troubles de même nature dans la Vendée ; les montagnes du Midi, la Lozère, l’Hérault, l’Ardèche, mal comprimés par la dispersion récente du camp de Jalès, ce premier acte de la contre-révolution armée, s’agitaient sous la double impulsion du clergé et des gentilshommes. Les plaines, sillonnées de fleuves, de routes, de villes, et facilement soumises à la force centrale, subissaient sans résistance les contre-coups de Paris. Les montagnes conservent plus longtemps leurs mœurs, et résistent à la conquête des idées nouvelles comme à la conquête des armes étrangères ; il semble que l’aspect de ces remparts naturels donne à leurs habitants une confiance dans leur force et une image matérielle de l’immobilité des choses, qui les empêchent de se laisser emporter si facilement aux courants mobiles des changements.

Les montagnards de ces contrées avaient pour leurs nobles ce dévouement volontaire et traditionnel que les Arabes ont pour leurs cheiks, que les Écossais ont pour leurs chefs de clans. Ce respect et cet attachement faisaient partie de l’honneur national dans ces pays agrestes. La religion, plus fervente dans le Midi, était, aux yeux de ces populations, une liberté sacrée, à laquelle la Révolution attentait au nom d’une liberté politique. Ils préféraient