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dans la communauté libre des prêtres de Saint-Roch à Paris, et fut quelque temps précepteur des enfants du marquis de Choiseul, ce dernier des ministres de l’école de Richelieu et de Mazarin. Un talent remarquable pour la parole le fit paraître avec éclat dans la chaire sacrée. Il fut nommé prédicateur du roi, abbé de Montfort, grand vicaire de Bourges. Il marchait rapidement aux premières dignités de l’Église. Mais son âme avait respiré son siècle. Ce n’était point un destructeur, c’était un réformateur de l’Église dans le sein de laquelle il était né. Son livre intitulé De l’Église nationale atteste en lui autant de respect pour le fond de la foi chrétienne que d’audace pour en transformer la discipline. Cette foi philosophique, assez semblable à ce platonisme chrétien qui régnait en Italie sous les Médicis et jusque dans le palais des papes sous Léon X, transpirait dans ses discours sacrés. Le clergé s’alarma de ces éclairs du siècle brillant dans le sanctuaire. L’abbé Fauchet fut interdit et rayé de la liste des prédicateurs du roi.

Mais déjà la Révolution allait lui ouvrir d’autres tribunes. Elle éclatait. Il s’y précipita comme l’imagination se précipite dans l’espérance. Il combattit pour elle dès le premier jour, avec toutes les armes. Il remua le peuple dans les assemblées primaires et dans les sections ; il poussa de la voix et du geste les masses insurgées sous le canon de la Bastille. On le vit, le sabre à la main, guider et devancer les assaillants. Il marcha trois fois, sous le feu du canon, à la tête de la députation qui venait sommer le gouverneur d’épargner le sang des citoyens et de rendre les armes. Il ne souilla son zèle révolutionnaire d’aucun sang ni d’aucun crime. Il enflammait l’âme du peuple pour la