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proclamer l’égalité des citoyens en France ? » Le gouvernement répondit à cette éloquente sommation de liberté par l’envoi d’un corps de troupes pour dissiper le rassemblement. Ogé le repoussa.


X

Des forces plus nombreuses parvinrent, après une résistance héroïque, à disperser les mulâtres. Ogé s’échappa et se réfugia dans la partie espagnole de l’île. Sa tête était mise à prix. M. de Blanchelande, dans des proclamations, lui faisait un crime de revendiquer les droits de la nature au nom de l’Assemblée qui venait de proclamer les droits du citoyen. On sollicitait du gouvernement espagnol l’extradition de ce Spartacus également dangereux à la sécurité des blancs dans les deux pays. Ogé fut livré aux Français par les Espagnols. Il fut mis en jugement au Cap. On prolongea pendant deux mois son procès, pour couper à la fois tous les fils de la trame de l’indépendance et pour effrayer ses complices. Les blancs, ameutés, s’impatientaient de ces lenteurs et demandaient sa tête à grands cris. Les juges le condamnèrent à la mort pour ce crime qui faisait dans la mère patrie la gloire de La Fayette et de Mirabeau.

Il subit la torture du cachot. Les droits de sa race, résumés et persécutés en lui, élevaient son âme au-dessus de ses bourreaux. « Renoncez, leur dit-il avec une impassible