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Eh bien, il faut détruire ces espérances coupables par une solennelle déclaration. Oui, les représentants de la France, libres, inébranlablement attachés à la constitution, seront ensevelis sous ses ruines avant qu’on obtienne d’eux une capitulation indigne d’eux et de vous. Ralliez-vous ! rassurez-vous. On tente de soulever des nations contre vous, on ne soulèvera que des princes. Le cœur des peuples est à vous. C’est leur cause que vous embrassez en défendant la vôtre. Abhorrez la guerre, elle est le plus grand crime des hommes et le plus terrible fléau de l’humanité ; mais enfin, puisqu’on vous y force, suivez le cours de vos destinées. Qui peut prévoir jusqu’où ira la punition des tyrans qui vous auront mis les armes à la main ? » Ainsi ces trois voix conjurées s’unissaient pour lancer la nation dans la guerre.


IV

Les dernières paroles de Vergniaud ouvraient assez clairement au peuple la perspective de la république universelle. Les constitutionnels n’étaient pas moins ardents à diriger vers la guerre les idées de la nation. M. de Narbonne, au retour de son voyage rapide, fit à l’Assemblée un rapport rassurant sur l’état de l’armée et sur l’état des places fortes. Il se loua de tout le monde. Il présenta à la patrie le jeune Mathieu de Montmorency, le plus beau nom de la France, caractère plus noble que son nom, comme le symbole de l’aristocratie se dévouant à la liberté. Il at-