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complots des émigrés. Ils leur fournissent asile, or, armes, chevaux, munitions. Une patience suicide devait-elle tout tolérer ? Ah ! sans doute, vous avez renoncé aux conquêtes ; mais vous n’avez point promis d’endurer d’insolentes provocations. Vous avez secoué le joug de vos tyrans ; ce n’est pas pour fléchir le genou devant des despotes étrangers. Prenez garde cependant, vous êtes environnés de piéges ; on cherche à vous amener par dégoût ou par lassitude à un état de langueur qui énerve votre courage. Bientôt, peut-être, on tâchera de l’égarer. On cherche à vous séparer de nous ; on suit un plan de calomnie contre l’Assemblée nationale ; on incrimine à vos yeux votre révolution. Oh ! gardez-vous de ces terreurs paniques ! Repoussez avec indignation ces imposteurs qui, en affectant un zèle hypocrite pour la constitution, ne cessent de vous parler de monarchie. La monarchie, pour eux, c’est la contre-révolution ! La monarchie, c’est la noblesse ! La contre-révolution, c’est-à-dire la dîme, la féodalité, la Bastille, des fers, des bourreaux, pour punir les sublimes élans de la liberté ! des satellites étrangers dans l’intérieur de l’État ; la banqueroute engloutissant avec vos assignats vos fortunes privées et la richesse nationale ; les fureurs du fanatisme, celles de la vengeance, les assassinats, le pillage, l’incendie, enfin le despotisme et la mort se disputant dans des ruisseaux de sang et sur des monceaux de cadavres l’empire de votre malheureuse patrie ! La noblesse, c’est-à-dire deux classes d’hommes : l’une pour la grandeur, l’autre pour la bassesse ! l’une pour la tyrannie, l’autre pour la servitude ! La noblesse, ah ! ce mot seul est une injure pour l’espèce humaine !

» Et cependant c’est pour assurer le succès de ces conspirations qu’on met l’Europe en mouvement contre vous !