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de remplir un devoir de fraternité et de satisfaire mon cœur, s’écria alors Robespierre. Il me reste encore une dette plus sacrée à payer à la patrie. Toute affection personnelle doit céder ici à l’intérêt sacré de la liberté et de l’humanité. Je pourrai facilement les concilier ici avec les égards que j’ai promis à tous ceux qui les servent. J’ai embrassé monsieur Brissot, mais je persiste à le combattre ; que notre paix ne repose que sur la base du patriotisme et de la vertu. » Robespierre, par son isolement même, prouvait sa force et en conquérait davantage sur les esprits indécis. Les journaux commençaient à s’ébranler en sa faveur. Marat flétrissait Brissot de ses invectives. Camille Desmoulins, dans des affiches improvisées, dévoila la honteuse association de Brissot à Londres avec Morande, ce libelliste déshonoré. Danton lui-même, cet adorateur du succès, craignant de se tromper de fortune, hésitait entre les Girondins et Robespierre. Il se tut longtemps ; à la fin il prononça un discours plein de mots sonores, mais où l’on sentait sous l’emphase des paroles le balbutiement des convictions et l’embarras de l’esprit.