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vers. Mais où est le général qui, imperturbable défenseur des droits du peuple, ennemi-né des tyrans, ne respire jamais l’air empoisonné des cours et dont la vertu est attestée par la haine et par la disgrâce de la cour, ce général dont les mains pures de notre sang sont dignes de porter devant nous le drapeau de la liberté ? Où est-il ? ce nouveau Caton, ce troisième Brutus, ce héros encore inconnu ! Qu’il ose se reconnaître à ces traits et qu’il vienne ! nous allons le mettre à notre tête… Mais où est-il ? Où sont-ils, ces soldats du 14 juillet qui déposèrent devant le peuple les armes que leur avait confiées le despotisme ? Soldats de Châteauvieux, où êtes-vous ? Venez guider nos efforts. Mais on arracherait plutôt sa proie à la mort que ses victimes au despotisme. Citoyens qui avez pris la Bastille, venez ! la liberté vous appelle et vous doit l’honneur du premier rang… Mais ils ne répondent plus. La misère, l’ingratitude et la haine des aristocrates les ont dispersés ! Et vous, citoyens immolés au Champ de Mars dans l’acte même d’une fédération patriotique, vous ne serez pas non plus avec nous ! Ah ! qu’avaient fait ces femmes, ces enfants massacrés ? Dieu ! que de victimes ! et toujours dans le peuple ! toujours parmi les patriotes ! quand les conspirateurs puissants respirent et triomphent ! Venez au moins, vous, gardes nationales, qui vous êtes plus spécialement dévouées à la défense de nos frontières, dans cette guerre dont une cour perfide nous menace ! Venez ! Mais quoi ! vous n’êtes pas encore armées ? Quoi ! depuis deux ans vous demandez des armes, et vous n’en avez pas ? que dis-je ! on vous a refusé des habits et condamnées à errer de département en département, objet des mépris des ministres et de la risée des patriciens qui vous passent en revue pour jouir de votre détresse ! N’im-