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rondins, fomentée sourdement par les ministres et conduite par des généraux de l’aristocratie suspecte au peuple, il monta une dernière fois à la tribune contre Brissot, la nuit du 13 janvier, et résuma dans une péroraison aussi habile que pathétique sa conviction désespérée.


VI

« Eh bien ! je suis vaincu ; je passe à vous, s’écria-t-il d’une voix brisée, et moi aussi je demande la guerre : que dis-je ! je la demande plus terrible et plus irréconciliable que vous ; je ne la demande ni comme un acte de sagesse, ni comme un acte de raison, ni comme un acte politique, mais comme la ressource du désespoir. Je la demande à une condition, qui sans doute est convenue entre nous, car je ne pense pas que les avocats de la guerre aient voulu nous tromper, je la demande à mort, je la demande héroïque, je la demande telle enfin que le génie de la liberté la déclarerait lui-même à tous les despotismes, telle que le peuple de la Révolution la ferait lui-même, sous ses propres chefs, et non telle que de lâches intrigants la désirent peut-être, et telle que des ministres et des généraux ambitieux et suspects, quoique patriotes, nous la conduiraient.

» Eh bien, Français ! hommes du 14 juillet, qui sûtes conquérir la liberté sans guide et sans maître, venez donc ! formons cette armée qui doit, selon vous, conquérir l’uni-