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acharné, qui devait finir par la mort des deux partis, s’ouvrit le 12 décembre à une séance du soir des Jacobins.


V

« J’ai médité six mois et même depuis le premier jour de la Révolution, dit Brissot (l’âme de la Gironde), le parti que je vais soutenir. C’est par la force du raisonnement et des faits que je suis arrivé à cette conviction qu’un peuple qui a conquis la liberté après dix siècles d’esclavage a besoin de la guerre. Il faut la guerre pour consolider la liberté et pour purger la constitution des restes du despotisme ; il faut la guerre pour faire disparaître d’au milieu de nous les hommes qui pourraient la corrompre. Vous avez la force de châtier les rebelles, d’intimider le monde ; prenez-en l’audace. Les émigrés persistent dans leur rébellion, les souverains étrangers persistent à les soutenir. Peut-on balancer à les attaquer ? Notre honneur, notre crédit public, la nécessité de moraliser et d’affermir notre révolution, tout nous en fait une loi. La France serait déshonorée si elle souffrait l’insolente révolte de quelques factieux et des outrages qu’un despote ne souffrirait pas impunément quinze jours. Que voulez-vous qu’on pense de nous ? Non, il faut nous venger ou nous résoudre à être l’opprobre des nations ! Il faut nous venger en détruisant ces hordes de brigands ou consentir à voir perpétuer les factions, les conjurations, les incendies, et devenir plus audacieuse que jamais l’insolence de nos