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à l’abri d’une probité proverbiale ; Buzot, Vergniaud, Louvet, Gensonné et les Girondins, par respect pour sa science et par entraînement vers madame Roland ; la cour même, par confiance dans son honnêteté et par mépris pour son influence. Cet homme marchait au pouvoir sans se donner de mouvement, porté par la faveur d’un parti, par le prestige de l’inconnu sur l’opinion, par le dédain de ses ennemis et par le génie de sa femme.


II

Le roi avait espéré quelque temps que la colère de la Révolution s’adoucirait par son triomphe. Ces actes violents, ces oscillations orageuses entre l’insolence et le repentir, qui avaient signalé l’avénement de cette assemblée, l’avaient douloureusement détrompé. Son ministère étonné tremblait déjà devant tant d’audace et confessait dans le conseil son insuffisance. Le roi tenait à conserver des hommes qui lui avaient donné tous des preuves de dévouement à sa personne. Quelques-uns même, confidents et complices, servaient le roi et la reine, soit par leurs rapports avec l’émigration, soit par des intrigues à l’intérieur.

M. de Montmorin, homme capable, mais inégal aux difficultés du temps, s’était retiré. Les deux hommes principaux du ministère étaient M. de Lessart, aux affaires étrangères ; M. Bertrand de Molleville, à la marine. M. de Lessart, placé par sa position entre l’Assemblée impatiente,