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X

On ne peut pas demander alors à la loi d’agir contre la loi, à la tradition d’agir contre la tradition, à l’ordre établi d’agir contre l’ordre établi. Ce serait demander la force à la faiblesse et le suicide à la vie. Et d’ailleurs on demanderait en vain au pouvoir monarchique d’accomplir ces changements où souvent tout périt, et le roi avant tout le monde. Une telle action est le contre-sens de la monarchie : comment le voudrait-elle ?

Demander à un roi de détruire l’empire d’une religion qui le sacre, de dépouiller de ses richesses un clergé qui les possède au même titre divin auquel lui-même possède le royaume, d’abaisser une aristocratie qui est le degré élevé de son trône, de bouleverser des hiérarchies sociales dont il est le couronnement, de saper des lois dont il est la plus haute, ce serait demander aux voûtes d’un édifice d’en saper le fondement. Le roi ne le pourrait, ni ne le voudrait. En renversant ainsi tout ce qui lui sert d’appui, il sent qu’il porterait sur le vide. Il jouerait son trône et sa dynastie. Il est responsable par sa race. Il est prudent par nature et temporisateur par nécessité. Il faut qu’il complaise, qu’il ménage, qu’il patiente, qu’il transige avec tous les intérêts constitués. Il est le roi du culte, de l’aristocratie, des lois, des mœurs, des abus et des erreurs de l’empire. Les vices mêmes de la constitution font