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à briser l’unité de la volonté publique. Si elle est héréditaire et aristocratique, elle suppose une aristocratie préexistante et acceptée dans la nation. Où était cette aristocratie en 1791 ? Où est-elle maintenant ? Un historien moderne dit : « Dans la noblesse, dans l’acceptation des inégalités sociales. » Mais la Révolution venait de se faire contre la noblesse et pour niveler les inégalités sociales héréditaires. C’était demander à la Révolution de faire elle-même la contre-révolution. D’ailleurs, ces divisions prétendues du pouvoir sont toujours des fictions ; le pouvoir n’est jamais divisé réellement. Il est toujours ici ou là, en réalité et tout entier : il n’est pas divisible. Il est comme la volonté, il est un, ou il n’est pas. S’il y a deux chambres, il est dans l’une des deux ; l’autre suit ou est dissoute. S’il y a une chambre et un roi, il est au roi ou à la chambre : au roi, s’il subjugue l’Assemblée par la force, ou s’il l’achète par la corruption ; à la chambre, si elle agite l’esprit public et intimide la cour et l’armée par l’influence de la parole et par la supériorité de l’opinion. Ceux qui ne voient pas cela se payent de mots vides. Dans cette soi-disant balance du pouvoir, il y a toujours un poids qui l’emporte ; l’équilibre est une chimère. S’il existait jamais, il ne produirait que l’immobilité.


VII

L’Assemblée constituante avait donc fait une œuvre bonne, sage et aussi durable que le sont les institutions d’un